DOUGLAS, MaryDe la souillure : essai sur les notions de pollution et de tabouParis : La Découverte, 2001. - 201 p. (Sciences humaines et sociétés ; 104)Domaines : Représentations et comportementsSujets : Interdit; ReligionSelon Mary Douglas faire ordre dans une maison contemporaine ou pratiquer des rites de pureté et d'impureté comme dans les religions " primitives ", équivaut à rendre un espace conforme à une idée. Ce geste créateur lie la forme et la fonction, il impose une unité à l'expérience humaine, il expose au grand jour et donne sens aux structures symboliques des sujets. Cet ouvrage, dont la première édition en anglais remonte à 1967, s'inscrit dans un débat anthropologique lié à la dite " mentalité primitive " qui remonte à une partie de la production littéraire de L. Lévy-Bruhl. L'auteure plaide pour la rationalité du comportement des " primitifs ". Pour elle les tabous ne sont pas une énigme incompréhensible mais la manifestation du souci intelligible de protéger la société contre des pratiques qui la pourraient mettre en danger. Alors qu'au XIXème siècle les " religions primitives " ont pu être étudiées à partir de critères tels peur-souillure-hygiène, Mary Douglas se focalise sur la représentation du pur et de l'impur, en excluant ce premier élément, comme il ressortait déjà dans d'autres travaux (Evans-Pritchard sur la sorcellerie des Azande du Soudan notamment). Non seulement les croyances renforcent les contraintes sociales d'une communauté, mais la définition qu'un groupe élabore de la pollution et/ou du danger, répond ici au souci de protéger le bien public. D'une part, l'ordre social est maintenu grâce à la menace des périls qu'encourent les transgresseurs potentiels. D'autre part, la logique de l'accusation des transgresseurs ne peut fonctionner que comme un sous-produit des dispositifs destinés à convaincre les membres du groupe d'y contribuer, autrement dit à construire le consensus. La notion de " pollution " peut être alors une importante ressource d'ordre politique et normatif car elle rappelle aux membres du groupe leurs obligations. Un danger " commun " peut donc être un instrument de coercition réciproque au sein d'une communauté. C'est pourquoi les notions de pureté et de danger expriment des controverses sous-jacentes à la constitution d'un groupe qui s'interroge sur sa propre constitution.
Localisation du document : RÉMISIS : DOUG SOUI (N° interne 19026)Langue : FREType de document : Ouvrage