Jusqu'à quel point la crise urbaine se présente-t-elle de la même manière dans l'ensemble des nations européennes ? Trouve-t-on partout les mêmes raisonnements théoriques à la base des politiques conçues pour y répondre ? Ces politiques entraînent-elles une modification de la citoyenneté, des comportements et des valeurs qui y sont associés ? Telles sont les questionsque nous avons voulu traiter au cours de ce séminaire réunissant des chercheurs venus de six nations européennes : la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, le Danemark, l'Allemagne, l'Italie et la Belgique... (extrait de la quatrième de couverture).
"Racaille !" : un mot du ministre de l'Intérieur, que pourtant les jeunes des banlieues s'appliquent par dérision à eux-mêmes, a suffi pour provoquer trois semaines d'émeutes en novembre 2005. Jacques Donzelot tente de comprendre comment on en est arrivé là. Il rappelle comment les banlieues ont été conçues, dans les années 50, lorsqu'on a voulu moderniser la société par l'urbain en construisant des grands ensembles offrant à tous, de l'ouvrier à l'ingénieur, les mêmes conditions d'hygiène et de confort. Comment ce rêve s'est effondré dans les années 70, quand ces "cités" sont devenues synonymes d'une relégation des plus pauvres, le lieu qui symbolise la "mondialisation par le bas". Comment la politique de la ville a ensuite échoué dans sa prétention à transformer cette situation. Parce qu'elle s'est plus préoccupée de transformer les lieux que d'accroître la "capacité de pouvoir" des gens dans leur vie. Parce qu'elle s'emploie vainement à imposer une mixité sur place plutôt qu'à faciliter la mobilité sociale de tous dans la ville. Parce qu'elle prend appui sur le pouvoir des élus locaux plutôt que de travailler à créer une démocratie à échelle de l'agglomération. (4e de couverture)
Aux yeux des Français, les Etats-Unis représentent souvent un parfait repoussoir en matière de politique sociale et urbaine. La "politique de la ville" volontariste semble justement faite pour éviter les "dérives à l'américaine" des cités. Cependant un regard attentif et une enquête sérieuse démentent ces vues avantageuses et on découvre qu'aux Etats-Unis une vraie politique de la ville est à l'oeuvre, plus incitative que volontariste
La " coproduction de la sécurité " instituée en 1997, puis la police de proximité évoquent le community policing américain. On y trouve la même idée que la sécurité ne peut rester la seule affaire de la police et l'idée d'un rapprochement entre la police et la population. Mais jusqu'à quel point peut-on considérer que les politiques locales de sécurité des deux pays évoluent dans la même direction ?
La fragmentation de la ville l'empêche de "faire société" et l'assignation à résidence des populations défavorisées dans des ilôts émiettés rendent difficile l'exercice, voire même la conception d'une nécessaire solidarité.
La comparaison entre l'Europe et les Etats-Unis dans le domaine du développement social urbain induit deux modèles opposés de régulation de l'action sociale territorialisée ou deux conceptions antagonistes de la politique sociale ou de la politique urbaine selon que les effets de discrimination positive sont assurés par l'Etat ou par les acteurs représentant les minorités ségréguées. Ce qui oblige à réfléchir la solidarité à partir de l'exemple des Pays-Bas lequel majore les finances publiques ou les subventions allouées lorsque l'échelon local ou la commune soutient manifestement un projet de revitalisation de quartier.
Analyse successivement la transformation de l'intervention sociale de l'Etat face à l'exclusion qui devient principalement politique avec l'apparition de non-forces sociales (les exclus) ; la prise de conscience progressive d'une rupture entre les préoccupations de la représentation politique et une partie de la population ; le discours mondialiste de l'action publique qui conduit la partie lésée de la société à se tourner vers des partis nationalistes. Face à ce déficit de représentation sont testé des formules de consultation puis d'implication (responsabilisation des structures communautaires). C'est ainsi selon l'auteur que l'on passerait d'un Etat de progrès à un Etat animateur.
Retracer le bilan de la politique urbaine pour la période 1982-1992 oblige à analyser comment on est passé de l'expérimentation à l'échelle du quartier à la généralisation d'une politique interministérielle de développement social urbain. La naissance de la Délégation Interministérielle à la Ville (DIV) résulte de la nécessité de penser les dispositifs et les crédits de manière globale et d'impliquer les collectivités territoriales à l'échelon le plus pertinent. La nomination de sous préfets à la ville et la multiplication du contrat d'agglomération sont autant de solutions trouvées par l'Etat pour instaurer une nouvelle culture administrative, née des effets complexes de la décentralisation.