Dans cet entretien, Christian Delorme, prêtre et membre du Haut Conseil de l'intégration, livre ses réfléxions sur l'immigration, l'intégration, les banlieues, l'islam, le dialogue interreligieux et l'avenir de l'Eglise.
L'adhésion des jeunes à l'islam constitue-t-elle un phénomène passager ou plutôt un phénomène appelé à s'inscrire durablement dans la société française ? Partant du constat que de nombreux quartiers de l'hexagone ont vu naître des associations de jeunes se référant à l'islam, tout particulièrement au cours de ces dernières années, les auteurs tentent d'en comprendre les raisons et les significations, d'en mesurer la portée et les possibles évolutions.
Dans cet ouvrage à deux voix catholique et musulmane, les auteurs apportent leur témoignage, à partir de leur expérience des banlieues, pour "un mieux-vivre ensemble" au sein d'une société où islam et christianisme sont mis en présence.
Militant de l'antiracisme depuis vingt ans Christian Delorme a consacré sa vie de prêtre aux relations entre le catholicisme et l'islam et à la solidarité entre français et immigrés. A l'initiative de la marche des beurs, il est favorable à l'émergence d'un islam de France inscrit dans la laïcité et le respect mutuel et particulièrement proche des générations issues de l'immigration maghrébines. Parce qu'elle accroît la fracture entre les jeunes, la réforme du droit de la nationalité est une erreur.
Les auteurs analysent les risques d'éclatement du modèle d'intégration individuelle à la française par une observation de terrain dans le quartier des grandes villes, par le témoignage d'habitants, ainsi qu'au travers de l'analyse de la presse. Sont ainsi examinés l'actualité médiatique de la violence urbaine et ses interprétations; la ville et ses ripostes à la violence : insécurité, délinquance, sentiment d'exclusion sociale; le processus d'exclusion définitive de certains jeunes : chômage, drogue, et désocialisation, dans la famille aussi; le processus d'ethnocentrisme accentuant la rupture mais exploité au travers de ce que les auteurs appellent la «discrimination positive» : animateurs, médiateurs, islam, télévision. Le diagnostic des auteurs est qu'il est urgent de «reconstruire la ville dans les quartiers».
L'auteur s'insurge contre l'expulsion en France de jeunes issus de l'immigration, mesure administrative aux conséquences dramatiques, et résultant de l'arbitraire de l'histoire.
Les droits politiques doivent-ils être nécessairement liés à la nationalité française. L'institution d'une citoyenneté locale ne conduirait-elle pas à l'institionalisation de citoyennetés à plusieurs vitesses en France.
L'auteur engagé dans les luttes contre l'injustice et l'exclusion sociale, raconte les difficultés et la revendication : grève de la faim, marche pour l'égalité, des jeunes issus de l'immigration en France.