Au lendemain des indépendances, les ressortissants des pays africains anciennement sous administration française bénéficient de la liberté de se constituer en association dans l'Hexagone. À partir du milieu des années 1970 , l'État français leur retire ce droit et instaure un dispositif discriminatoire de surveillance comme en témoignent la lecture et l'analyse d'archives inédites. Ce changement illustre, de manière marquante, l'alignement des migrants africains sur le droit commun des étrangers et la construction juridique d'une nouvelle extranéité à laquelle ils n'ont cessé d'être renvoyés depuis.
Depuis ses débuts, l'internationalisme ouvrier n'a cessé d'être travaillé, dans ses doctrines comme dans ses pratiques, par le phénomène national. L'étude des archives de la CFDT et de la CGT permet d'analyser la répartition du travail syndical opérée sur le thème de l'immigration par les centrales africaines et françaises. Elle amène notamment à examiner tout d'abord les logiques qui ont conduit les syndicats africains à tenter de contrôler les revendications des travailleurs subsahariens établis en France, puis la marginalisation dont ces derniers ont été l'objet de la part de syndicats français. Plus largement, elle souligne la bureaucratisation du mouvement ouvrier français, qui s'est déconnecté des luttes sociales de l'immigration, participant ainsi à la crise de la représentation syndicale en France.
Dans de nombreux pays étrangers, les employés de maison représentent encore une catégorisation socio-professionnelle particulièrement fragilisée. La circulaire ministérielle du 3 août 2009, témoigne de la complaisance de l'Etat français envers les employeurs de ces travailleurs étrangers. En assouplissant la procédure d'autorisation provisoire de travail dans l'Hexagone, ce texte consacre, par le recours à une fiction juridique, la précarité du statut de ces employés de maison lors de leur séjour sur le territoire national.
Se fondant sur l'analyse des textes règlementaires qui, depuis le début du XXe siècle, ont régi les conditions d'émigration et d'emploi du personnel de maison subsaharien en France, cette note documentaire retrace l'histoire sociale de cette catégorie socioprofessionnelle durant l'époque coloniale et après les indépendances. Elle permet de s'interroger sur les modalités par lesquelles s'est pérennisé un segment professionnel ethnicisé et une relation de subordination inscrite dans un cadre juridique.
Afin de restituer l'histoire sociale des avocats africains en France, cet article examine les conditions légales de leur intégration dans les professions juridiques depuis la période coloniale jusqu'aux indépendances. Il analyse ensuite les déterminants sociologiques de l'exercice contemporain de leur profession. En se concentrant plus particulièrement sur l'examen des relations qu'ils entretiennent avec le monde social de l'immigration en termes de réseaux professionnels, de stratégies rhétoriques et d'engagement civique, cet essai tente de comprendre dans quelle mesure les avocats africains peuvent participer à la reproduction du consensus politique sur l'immigration.
La diaspora africaine aux Etats-Unis est en progression constante depuis une vingtaine d'années, et en particulier celle des chercheurs et scientifiques, anglophones ou francophones. Ce basculement progressif des élites africaines de l'université française vers l'université américaine révèle à la fois les carences de la politique menée par la France et le dynamisme de la politique des Etats-Unis dans ce domaine. Celle-ci est le résultat d'une véritable 'diplomatie de l'intelligence', fondée sur les échanges scientifiques. Elle a été formulée dans les années 1980 sous l'impulsion de fondations privées et de leurs relais politiques à la Maison-Blanche et au Congrès. Sa mise en ouvre s'est appuyée sur la constitution de réseaux scientifiques liant chercheurs africains et américains, et sur le développement d'une élite professionnelle africaine de part et d'autre de l'Atlantique. Avec pour conséquence de rendre encore moins attractive pour les Africains l'université française.