Partant du constat de la dérégulation du monde scolaire, l'auteur décrit comment au silence de l'Education nationale a succédé une reconnaissance des délinquances, incivilités et désordres et un souci nouveau de la sécurité, ce qui a entraîné un partenariat enforcé entre l'école et les autres institutions extérieures répressives.
Un sentiment d'insécurité est actuellement présent dans un certain nombre de collèges français. Quelle que soit la montée réelle des délits, ce sentiment participe plus d'une ambiance incivile que d'une logique délictueuse. C'est cette crise de la civilité scolaire que l'article tente de décrire et de comprendre. Il s'agit essentiellement d'une crise d'identité forte, tant chez les élèves que chez les enseignants.
La violence en milieu scolaire est l'occasion d'un discours de décadence qui réactive la vieille catégorie anthropologique de l' « enfant-sauvage », infra-humain et de peu de raison. Ce discours de la décadence prend parfois un tour nationalitaire en opposant barbarie et civilisation. L'explication ethnicisante de la violence scolaire en est une conséquence. La crise identitaire que révèle la violence se nourrit de l'exclusion sociale et de la mutation postmoderne de l'idéologie éducative. Peut-être la solution réside-t-elle dans une action modeste plutôt que dans la recherche éperdue de valeurs métasociales ou de grands récits peu efficaces pour assurer la refondation de l'identité en souffrance.
Dans les débats éducatifs en Europe, la violence scolaire a pris une place considérable ces dernières années. En France, la représentation d'une causalité "ethnique" de cette violence est fort présente. Après avoir rappelé que l'ethnicité est une construction sociale, l'article tente de décrire le discours de la décadence éducative qui se construit à propos de la violence scolaire, dans un affrontement barbarie/civilisation.
Réalisé dans le cadre du Centre Alain Savary de l'Institut national de recherche pédagogique, cet ouvrage offre une vue d'ensemble de la scolarisation dans les milieux « difficiles », c'est-à-dire dans des contextes où les familles et les élèves d'une part, les institutions et les agents scolaires d'autre part, entretiennent un mauvais rapport, et où ces derniers ont du mal à atteindre les objectifs fixés au système d'enseignement et à donner un sens positif à leur travail.
Ce dossier est constitué de quatre parties traitant du bon usage du concept d'ethnie en France, de l'ethnicité au quotidien, du sentiment ethnique chez les enfants, des tensions au collège.
Au cours de l'année scolaire 1995-1996 en France le thème de la violence à l'école est revenu sur le devant de la scène, ainsi que son rapprochement avec l'ethnicité.
L'orientation scolaire vers les cycles dévalorisés, et particulièrement vers l'enseignement spécial, n'est-elle pas aussi une relégation des enfants et adolescents présentant un comportement jugé violent.