L'histoire familiale qui se transmet entre les générations est souvent faite de discontinuités, chargée de non-dits et de secrets. Dans les situations de chocs, de traumatismes, le secret peut se confondre avec l'oubli. Cela se produit notamment dans les expériences d'émigration familiale faites d'adieux, de changements de lieux, de langue, de culture, et de pertes en quelque sorte. Il y a de l'indicible qui sépare, et parfois ceux qui partagent les mêmes événements n'en partagent pas forcément le sens.
La double propriété de certains migrants portugais en Europe mobilise un vaste chantier familial et communautaire qui heurte souvent les usages tant du pays d'accueil que du pays d'origine. La double résidence permet de résister à l'angoisse du déracinement et élargit les chances d'intégration des descendants.
Bien que peu nombreuses les études sur l'accession à la propriété des immigrés révèlent un investissement important de ces derniers pour acquérir un logement individuel en participant eux-mêmes aux travaux. En 1988, 48 pour cent des Italiens, 29 pour cent des Espagnols et 14 pour cent des Portugais étaient propriétaires en France ou dans leur pays d'origine et ce mouvement se poursuit avec les Turcs et les Asiatiques qui investissent dans le commerce, participant à la revitalisation du quartier .
Une enquête sur les itinéraires de réussite d'étudiants Portugais suivant un cursus de langue maternelle souligne le rôle fondamental du bilinguisme dans les processus d'identification familiale d'un côté, sociale de l'autre, qui structurent la personnalité. La langue portugaise assume aux yeux de ces jeunes deux fonctions qui s'articulent au lieu de s'opposer : maintenir le lien entre les générations et avec la culture d'origine (langue de lignée), assurer un projet de promotion sociale qui éloigne du statut des parents.
Cinquième langue parlée dans le monde par cent cinquante millions de personnes, le portugais reste cependant en France une langue minoritaire, de moindre valeur dans l'enseignement des langues vivantes. Mais la langue portugaise est restée pour les migrants la langue de la communication intergénérationnelle, de la préservation des liens avec le pays et des transferts culturels liés aux va et vient.
La circulation des langues entre les générations des familles concernées par l'émigration, étudiée dans l'interaction familiale-communautaire-sociale : le cas de la langue maternelle : portugais. Pertinence de la prise en compte de trois générations dans le repérage des changements de comportement langagier et des interactions langagières familiales. Les pratiques communautaires rurales des parents restés au pays d'origine, les pratiques familiales orales dans l'émigration, les pratiques universitaires des enfants de migrants Portugais inscrits en cursus de portugais.
Y aurait-il des cas et des situations où la langue maternelle n'empêcherait pas une bonne acquisition de la langue dominante, aurait des effets positifs sur le développement de l'individu migrant et sur son insertion en France.
Les pratiques en langues sont révélatrices du degré d'intégration d'un immigré. La capacité d'usage en alternance de la langue d'origine et de celle du pays d'origine se répercute aussi dans les rapports au sein de la famille.
Historique de l'immigration portugaise en France. Comparés aux autres migrants d'Europe, les Portugais, par leur présence récente et l'homogénéité de leur lieu et mode d'émigration restent plus étrangers aux Français. Chiffres concernant la scolarisation.
Rapports interculturels en logement social en France. Problèmes de cohabitation et de relations interculturelles entre groupes ethniques posés dans une situation résidentielle de transplantation et dans un brassage social : analyse des composantes et hiérarchies. Présentation de trois méthodes d'approche : trajectoire migratoire et mobilité résidentielle, ethnologie des espaces publics et confrontations des différences, pratiques institutionnelles et projet interculturel.
Les auteurs s'interrogent sur les relations parents-enseignants et parents-Service Public et sur la position des parents d'enfants étrangers face à la compétition scolaire à laquelle ces enfants se trouvent confrontés en France.
Comment des enfants portugais s'insèrent-ils dans l'espace de vie d'une commune de la banlieue parisienne (Sèvres). Comment se représentent-ils cet espace et celui du village de leurs parents.