Cet article présente une synthèse de résultats de recherches sociologiques menées sur le racisme dans les entreprises et les organisations syndicales depuis quinze ans. En France, la question des discriminations dites « raciales » comme problème social et la mise en place d'un dispositif public destiné à les réprimer est relativement récente...
Au milieu des années 60 s'est amorcé en France un processus de délégitimation et de mise en évidence des effets structurants de l'ordre social sexiste, jusqu'alors "couverts" par ceux de l'ordre social classiste. 20 ans plus tard, ce sont les effets tout aussi violents et structurants de l'ordre social raciste qui émergent. Dans cet article, l'auteur analyse la force d'imposition de l'ordre social raciste, l'ocultation réciproque du racisme et du sexisme, puis la face mentale des relations sociales concrètes.
C'est au regard de l'orientation et de l'état de la recherche sur les relations interethniques en France que l'auteur s'interroge sur les usages que l'on peu faire aujourd'hui des analyses, des concepts et des positions scientifiques des sociologues fondateurs de l'Ecole de Chicago. En partant de la définition du "cycle des relations raciales", formulée par Park en 1926, et des corrections qui lui ont été apportées par la suite, l'auteur discute du rôle des conflits interethniques, de celui des politiques et des institutions, du problème de la réduction du social à l'urbain et de la société à l'Etat national. La portée des concepts formés par et pour la recherche et celle de la distance du chercheur à son objet sont ensuite abordées dans une perspective épistémologique. (résumé de la revue)
L'idée de contrepartie au coeur des politiques dites d'accueil et d'intégration de certains étrangers réguliers contredit l'idée même d'un principe d'hospitalité. L'histoire de la République témoigne des évolutions vers une régulation du séjour des étrangers qui revient à leur mise à l'écart. Ce mouvement est au fondement de la politique d'immigration européenne.
Les auteurs rendent compte de la façon dont le modèle républicain, fondé sur l'égalité des citoyens occulte la dimension raciste des inégalités collectives. Analyse du processus d'ethnicisation des rapports sociaux à l'oeuvre dans le traitement du phénomène de l'immigration. L'ouvrage clarifie un certain nombre de concepts : racisme, ethnisme, discrimination. Il donne les résultats de recherches de terrain illustrant la ségrégation dans l'espace urbain ou la discrimination à l'emploi dans l'entreprise, par exemple
La terminologie utilisée pour traduire la politique d'affirmative action mise en place aux Etats-Unis, au Canada ou au Royaume-Uni par le terme de discrimination positive est impropre et reflète la défiance éprouvée par la France, vis-à-vis de toute revendication collective portée par des minorités ethniques alors que l'ethnicisation des rapports sociaux est produit par les politiques publiques du fait de la décentralisation et de la mise en place d'une politique urbaine qui stigmatise des populations sur une base territoriale. Cette surlocalisation de la politique sociale a garanti une certaine égalité de traitement sur l'ensemble du territoire tout en occultant la part d'ethnicité et de racisme que ce ciblage a produit et qui doit être abordé comme un problème politique global ou d'organisation sociétale.
A Marseille, mise en place par les entreprises et les pouvoirs publics de procédures de recrutement préférentiel de migrants.
Les politiques publiques concernant les "quartiers en crise" varient en fonction des traditions nationales et des orientations gouvernementales et l'engagement de l'Etat en particulier y est assez différent. Elles ont cependant en commun, en France, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, d'utiliser des outils mineurs parfois inadéquats et souvent contradictoires pour traiter de situations de dégradation économiques et sociales majeures sans offrir de solution permettant une véritable revalorisation du statut de ces territoires ni une véritable intégration sociale et politique des populations considérées.
Cet ouvrage collectif est issu d'un colloque européen organisé par l'Unité de Recherche "Migrations et Société" URMIS en 1996, intitulé : "Réussite scolaire et universitaire, égalité des chances et discriminations à l'embauche des jeunes issus de l'immigration". Appuyé sur des travaux récents, il confronte des résultats fondés sur les méthodes qualitatives et quantitatives. La comparaison internationale permet de discuter des catégories d'analyse qualifiant les enfants de migrants et les réponses nationales à des problèmes communs : l'intégration scolaire et professionnelle, l'égalité des chances, les phénomènes de discrimination. Ces questions sont traitées par des spécialistes de l'univers scolaire et du marché du travail ainsi que des chercheurs spécialisés dans l'étude de l'immigration provenant de diverses disciplines : sociologie, démographie, anthropologie.
Analyse, du point de vue des relations interethniques, du dispositif de recrutement du personnel d'un hypermarché implanté dans un secteur défavorisé à forte proportion de populations d'origine étrangère (les Quartiers-Nord de Marseille). Conflits et négociations ont conduit à adopter un système de préférence locale pour l'embauche, garanti et contrôlé par les services publics. Ce cas de "discrimination positive" à la française définit les bénéficiaires sur des critères territoriaux (la résidence dans les Quartiers-Nord) et écarte officiellement toute considération ethnique ou raciale (daltonisme volontaire). Il s'établit ainsi, dans les relations de travail, un jeu de reconnaissance-occultation de l'ethnicité, favorisé par la fonction médiatrice de la catégorie territoriale et sociale "Quartiers-Nord".
La recherche sur les relations interethniques s'est développée tardivement en France et dans un rapport de soumission avec les débats politiques. Les problématiques, les concepts et une bonne part du lexique de la recherche manquent souvent de l'autonomie nécessaire au développement scientifique, ils sont parfois ambigus et souvent de portée limitée. L'auteur examine en particulier l'usage des catégories d'étranger, d'immigré, de Français et les notions de minorité et de communauté ethnique, et de deuxième génération.
La conception universaliste des rapports entre l'Etat et le citoyen interdit, en France, la production de données statistiques "ethniques" ou "raciales". Censée protéger l'égalité des chances des individus contre les distinctions "ascriptives" telles que la "race", l'origine ethnique ou nationale, etc., la méconnaissance entretenue autour du devenir et du traitement des populations issues des vagues migratoires en vient à "couvrir" d'un voile de silence des pratiques discriminatoires qui se développent au sein d'un climat général d'ethnicisation des rapports sociaux. Cet article présente les éléments d'une étude sur l'inégalité de traitement des étrangers et descendants d'étrangers dans le monde du travail. Il montre l'inégalité structurelle des étrangers sur le marché du travail et met en lumière les discriminations légales et illégales qui entravent l'accès à l'égalité des chances en fonction des origines, de la couleur, de la religion. Une enquête auprès d'informateurs privilégiés (employeurs, syndicats, personnel d'agences pour l'emploi, organisations antiracistes...) révèle que le "refus de voir" et la minimisation sont courants, renvoyant à la faible illégitimité des discriminations raciales ou ethniques en France.
L'auteur nous apporte des éclaicissements sur le vocabulaire de l'immigration. Les termes "génération", "intégration" et "assimilation", et leurs dérivés, sont particulièrement étudiés. A travers ce texte, l'auteur fait sienne cette citation "Les mots du sociologue contribuent à faire les choses sociales" (Bourdieu, 1987).