A travers les cas exemplaires de tisseurs de chanvre, dans deux localités voisines en Italie, qui par l'émigration abandonnent le métier d'origine pour devenir maçons, on étudie la forte influence de la migration temporaire dans la vie quotidienne et collective locale.
Dans les vallées alpines, l'émigration temporaire a été, entre le XIXe et le XXe siècle, un des phénomènes les plus importants de la vie économique et sociale de plusieurs communautés italiennes frontalières. L'émigration, qui continua dans certaines zones même après le développement d'industries locales, permit à plusieurs familles paysannes de compléter les revenus de la terre et du travail en usine. Cet article étudie deux communautés piémontaises vivant dans les vallées vaudoises, lors de la première industrialisation. La migration temporaire frontalière remonte à l'Ancien Régime. Au moins jusqu'à la veille de la première guerre mondiale, les gains retirés de l'émigration, furent, avec le travail de la terre et dans les cotonneries et soieries locales, la principale source de revenu des familles dans ces communautés.