A partir de documents sur l'émigration en provenance du Piémont (Italie), l'auteur analyse les variations dans le comportement alimentaire des immigrés selon qu'il s'agisse d'une migration temporaire ou d'une migration permanente. La poursuite du comportement alimentaire est rendue possible grâce aux restaurants et aux commerces gérés par un réseau communautaire piémontais. Si les immigrés sont fidèles à leurs valeurs culturelles nutritionnelles, les décisions qui concernent le comportement alimentaire domestique sont influencées par le coût, le temps de préparation, la disponibilité des ingrédients, etc. La tradition et l'innovation s'entremêlent dans un processus typique de l'expérience migratoire.
L'auteur expose ici les résultats d'une recherche relative à une société de restauration d'entrepreneurs émigrés italiens : le «Toraz». Sont retracées et analysées les activités commerciale et financière entreprises à Paris par la deuxième génération d'une famille provenant d'une région de montagne piémontaise entre 1955-1975.
Après avoir examiné la contribution des femmes aux flux migratoires italiens globaux pour la période 1860-1935 et conclu à une participation liée à l'exode familial et de qualification professionnelle médiocre, l'auteur étudie le cas des migrations frontalières entre la province Cuneo et les Alpes-Maritimes, d'après les statistiques de 1901. Il souligne une plus forte représentation de la main-d'oeuvre féminine par rapport aux données nationales et une qualification faible dans les travaux saisonniers et temporaires de l'économie agricole et pastorale, mais élevée dans les secteurs manufacturiers. Il en dégage une relation entre mobilité et métier, instruction et émigration, exode rural et filières professionnelles.
Ce bref article met en évidence les moments et les travaux les plus significatifs de l'histoire de l'émigration en Italie. Après l'élaboration initiale de modèles économiques et nationaux de l'exode italien et après sa fragmentation successive en une mosaïque de recherches historico-anthropologiques régionales et locales on devrait parvenir enfin à une recomposition conceptuelle se proposant de nouveaux objectifs comparatifs et une analyse de l'émigration moins spécialisée et sectorielle. Cette démarche permettrait en outre d'aborder avec une conscience historique plus affinée et une compréhension, culturelle plus adéquate les phénomènes migratoires propres à la société contemporaine.
Une étude sur les femmes pendant la grande émigration italienne de la fin du siècle dernier comporte une double lecture du rôle féminin. Il s'agit d'identifier les éléments de conservatisme et d'évolution dans la société de départ. Les absences masculines, dues à l'exode saisonnier et temporaire, ont entraîné souvent une véritable féminisation des familles et des sociétés locales. Il s'agit d'autre part d'élucider quelle fut la fonction des femmes en tant que protagonistes actives de l'émigration au-delà des frontières, et donc de porter notre attention sur les réalités urbaines à l'étranger, où confluaient les multitudes de femmes qui partaient seules ou comme épouses, filles ou mères. Dans cet article, on prend ces deux aspects du rapport émigration-gender en considération, en saisissant l'occasion offerte par un débat qui s'est engagé récemment en Italie.
A travers les cas exemplaires de tisseurs de chanvre, dans deux localités voisines en Italie, qui par l'émigration abandonnent le métier d'origine pour devenir maçons, on étudie la forte influence de la migration temporaire dans la vie quotidienne et collective locale.
Dans les vallées alpines, l'émigration temporaire a été, entre le XIXe et le XXe siècle, un des phénomènes les plus importants de la vie économique et sociale de plusieurs communautés italiennes frontalières. L'émigration, qui continua dans certaines zones même après le développement d'industries locales, permit à plusieurs familles paysannes de compléter les revenus de la terre et du travail en usine. Cet article étudie deux communautés piémontaises vivant dans les vallées vaudoises, lors de la première industrialisation. La migration temporaire frontalière remonte à l'Ancien Régime. Au moins jusqu'à la veille de la première guerre mondiale, les gains retirés de l'émigration, furent, avec le travail de la terre et dans les cotonneries et soieries locales, la principale source de revenu des familles dans ces communautés.