Comment les nouvelles mobilités transnationales redéfinissent-elles les rapports sociaux et les liens aux territoires dans des environnements où la sédentarité et les ancrages ont produit les formes institutionnelles et sociales dominantes ? Etudes des paradigmes et formes de la circulation migratoire, de ses rythmes et de ses lieux, de ses acteurs (femmes, étudiants, migrants qualifiés ou non).
La dynamique des migrations internationales constitue un véritable défi pour le monde contemporain. L'approche est ici centrée de façon dominante sur les migrations impulsées dans les pays du Sud et sur les trajectoires Sud-Sud. Analyses sur la construction des espaces transnationaux de mobilité, les trajectoires, la migration et le développement, les pratiques culturelles associées.
La métropolisation des migrations internationales, au sein du cône sud américain, est un des fait marquant de ces vingt dernières années. L'émigration andine, est plus particulièrement celle des Boliviens vers l'Argentine, n'échappe pas à ce phénomène. Dans ce contexte, l'article propose une exploitation des processus d'identification à la ville et dans la ville de cette communauté migrante, à partir d'un questionnement plus large sur la construction éventuelle d'un territoire de la "bolivianité" dans la capitale argentine. A partir du croisement de plusieurs sources (témoignages, observations, dépouillement de la presse bolivienne...), l'analyse de l'inscription spatiale des migrants, faisant référence à la fois aux lieux d'implantation résidentielle et de fréquentation de la ville (commerces et marchés ethniques, lieux de sociabilité, lieux de cultes...) fait émerger, d'un côté, l'existence de logiques d'appropriation et de marquage du paysage urbain et, de l'autre, une géographie paradoxale de dispersion et d'incursion diffuse dans les lieux clés de la ville. De la même manière , les modes d'identification et de connaissance de la ville révèlent un rapport souvent contradictoire et douloureux à l'espace urbain. Pour les migrants boliviens, Buenos Aires - et plus encore le centre historique et commercial de la capitale - est un lieu rêvé, désiré, à conquérir, mais souvent ignoré et redouté. Dans cette ville dédale où l'on se perd, la communauté migrante jalonne un territoire de lieux d'usage communs, connus, familiers en se créant ses propres modes de repérage. L'analyse révèle ainsi la formation d'un territoire de la bolivianité lâche et diffus, dont la physionomie reflète bien plus une résistance à l'enclave. (résumé de la revue)