Au sommaire : venir d'un pays qui n'existe plus, les immigrés de l'ex-Yougoslavie en France ; immigrés franco-algériens et conflits identitaires.
Avant que la guerre n'éclate en 1991, le système d'identification yougoslave distinguait la nationalité de la citoyenneté. L'appartenance nationale se situait quelque part entre l'appartenance locale ou régionale (serbe, croate ou musulmane) ou l'appartenance fédérale (yougoslave). De plus, en ce qui concerne l'imbrication entre l'appartenance nationale et religieuse, il faut préciser que les Serbes, les Monténégrins et les Macédoniens sont des chrétiens orthodoxes, les Croates et les Slovènes catholiques, les Bosniaques et les Albanais musulmans. La guerre a non seulement déchiré les peuples de l'ex-Fédération, mais en brisant ce système d'identification plurielle a aussi atteint au plus profond d'eux-mêmes les immigrés d'ex-Yougoslavie installés en France. Le conflit de l'ex-Fédération a donc poussé ces immigrés à modifier la perception de leur propre conscience, à reformuler leur sentiment d'appartenance. Même s'il y a eu exportation de l'ethnicisation en France, le référent national n'est pas devenu le pôle de cristallisation identitaire de chaque ex-Yougoslave. L'auteur a observé deux types de réponses. D'une part, l'attachement au multiculturalisme "pour ne pas se perdre". D'autre part, l'identification au référent national, vécue comme une sorte de retour aux origines, pour ne pas se retrouver.