Le débat actuel sur le contenu des notions "migration" et "développement" est faussé par la confusion idéologique qui, en déformant leur contenu, les présente comme s'excluant l'une l'autre. La synthèse de ce débat tient, d'une part, au fait que le développement de la France (ou de l'Europe), en essayant d'éviter le désastre du chômage, serait entravé par l'immigration ; d'autre part, au fait que le développement des pays du Sud mettrait un terme à l'émigration. L'auteur s'attache à démontrer que ces deux notions, loin d'être opposées, sont complémentaires : une circulation fluide est une condition du développement.
Après la Deuxième guerre mondiale il a paru évident que les Etats souverains, longtemps considérés comme les garants des libertés de leurs peuples, n'étaient pas incapables de dérapage. Dans ce contexte, les auteurs de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme ont tenté de formuler des droits applicables aux personnes où qu'elles se trovent, avec l'espoir que les Etats se conformeraient au respect de ces droits dans leurs politiques nationales. Etant considérée par les juristes comme déporvue de caractère normatif, la Déclaration universelle n'est pas entrée dans le patrimoine juridique des Etats-membres avec statut d'obligation. Le contenu de la Déclaration doit donc être mis en résonance avec d'autres instruments, notamment les Pactes internationaux des droits de l'Homme, afin de mesurer comment la combinaison entre eux révèle le véritable état du droit. Les nombreux incidents jallonant les rapports des Etats avec les populations issues de l'immigration mettent au jour une violence d'Etat transformée en obligation par l'Etat même.
La question des sans-papiers est désormais posée de façon permanente à la société française et à l'Europe. Et ce ne sont pas les régularisations partielles et temporaires intervenues ces dernières années qui peuvent laisser espérer une solution. Comme le montrent les auteurs de cet essai, le problème tient à des facteurs structurels, dont rien ne permet de penser qu'ils pourraient disparaître dans un avenir prévisible par un simple bricolage institutionnel : la persistance d'une offre significative de travail clandestin liée aux profits substantiels de la «délocalisation sur place», encourageant une «clandestinité officielle»; l'illusion entretenue de la maîtrise étatique des phénomènes migratoires, au prix de l'insécurisation des populations d'origine étrangère; le marasme de la coopération et l'ignorance dans laquelle notre système juridique tient les dispositions du droit international; la tentation croissante d'un apartheid européen.
L'auteur propose une réflexion sur l'immigration, avec cette interrogation : est-ce l'immigration qui pose problème ou son utilisation à des fins politiques. L'auteur dénonce les idées reçues qui fondent les politiques de droite comme de gauche.
Analyse économique et sociologique centrée sur la relation entre les flux migratoires, la domination et la coopération internationale. Si l'objectif de la coopération ne doit pas être un outil pour faire baisser la pression migratoire, il y a des raisons de remettre en question la coopération telle qu'elle est pratiquée depuis la décolonisation car elle n'a pas joué un rôle important dans le développement économique des pays dans lesquels il s'est amorcé. Il en ressort que le bilan de la coopération dans ses pratiques anciennes et prolongées est extrêmement critique.
Le 18 novembre 1996, le Collège des médiateurs, sorte de «conseil des sages» constitué à l'initiative d'Ariane Mnouchkine, au printemps 1996, pour venir en aide aux «sans-papiers» de Saint-Bernard, a tenu ses Assises. Celles-ci sont l'aboutissement d'un long travail de consultations, d'analyses et de réflexions qu'ont mené les médiateurs sur la question de l'immigration, parallèlement à leurs interventions concrètes pour tenter de démêler les situations inextricables dans lesquelles l'Etat français a plongé les «sans-papiers». Par la tenue de ces Assises, les médiateurs ont voulu faire le point et marquer le pas, afin de dégager des perspectives et de rebondir sur les changements souvent radicaux qui sont absolument nécessaires dans un certain nombre de domaines touchant à l'immigration. Ceci pour qu'enfin, ce problème soit traité dans sa réalité, dans sa complexité et dans sa dimension d'humanité. Le travail s'est organisé selon trois thèmes sur lesquels ont eu lieu différentes interventions : la relation entre la coopération internationale et les flux migratoires; la dimension européenne de l'immigration et son traitement par les instances communautaires; le cadre juridique et législatif français en la matière.
La rareté de la réflexion juridique concernant le phénomène des réfugiés dans le monde conduit l'auteur à s'interroger sur le concept de réfugié à partir de trois niveaux : 1-la rupture entre un individu et son Etat national; 2-la recherche par l'individu d'un Etat d'accueil et les relations entre états qui accompagnent forcément cette démarche; 3-l'institution : les organismes internationaux et leur rôle.