A Venise, la présence des étrangers, visible grâce à un certain nombre monuments, se dissout dans l'ensemble du corps urbain selon les mêmes critères que les habitants autochtones : le milieu professionel, les liens familiaux, la disponibilité du parc immobilier. Cependant, il a existé entre le XVIIe et le XVIIIe siècle une tendance au regroupement délibéré de certains groupes nationaux. Les Allemands se répartissent essentiellement dans une vaste zone entre San Luca et Santa Sofia ; les Grecs sont concentrés autour de l'église de San Giorgio ; les Turcs sont installés uniquement dans le palais du duc de Ferrare. Au total c'est la moitié des étrangers qui vit dans des logements contigus. Il existe en fait une relation entre la destination de l'édifice et la présence d'un noyau d'étrangers. Selon l'auteur, si les plus gros agrégats se rencontrent dans un patrimoine unique, c'est que la morphologie des maisons se prête à cette appropriation collective.