La communauté européenne développe par rapport aux migrants une stratégie sécuritaire qui va à l'encontre de la volonté de nombre d'entre eux de ne pas privilégier un pays particulier pour s'y installer définitivement. L'utilisation des immigrés dans le cadre de besoins électroniques précis conduit l'Europe et les Etats membres à construire des « frontières intelligentes » permettant de repérer les personnes considérées à risque autour d'un « Visa Information System ».
Numéro sur les pratiques aux frontières à l'égard des immigrés en Allemagne, en France, en Grèce et aux Etats-Unis. Les frontières sont un des lieux privilégiés du rapport exclusion-intégration puisque les conditions de son franchissement déterminent, dans un premier temps, la situation juridique et sociale de l'immigré dans la société d'accueil. Par ailleurs, la régularité du séjour est une condition nécessaire mais non suffisante pour une politique d'intégration : un durcissement des mesures, dans le but de diminuer les flux migratoires, entraîne également des restrictions en matière de délivrance des cartes de séjour ou de permis de travail, de naturalisation, de regroupement familial, de mariage mixte et d'accès aux prestations sociales, ce qui rend plus difficile le processus d'intégration. En outre, l'intégration est indirectement entravée par un discours sécuritaire donnant lieu à de nombreux amalgames entre immigrés en situation régulière et clandestins, entre immigrés et nationaux non-métropolitains et entre immigrés et délinquants. Ces amalgames justifient ou renforcent les discriminations subies par la population ainsi visée, souvent marginalisée et fragilisée sur le plan économique et social, comme le montre notamment le cas américain.