Entre le XIIe et le XVIIe siècle, Londre était un centre important de commerce sur le plan international. Des marchands originaires de Gascogne, de Provence, de la péninsule ibérique et d'Italie s'y étaient établis avant 1250. C'est pourquoi, à partir de 1500, une distinction avait été établie entre les "foreigners" (sujets de la couronne d'Angleterre) et les "strangers" (extérieurs au Royaume). L'article porte sur le mode de vie et sur l'économie morale de l'enclave allemande, située sur les berges du fleuve, au seuil de la Cité.
A Venise, la présence des étrangers, visible grâce à un certain nombre monuments, se dissout dans l'ensemble du corps urbain selon les mêmes critères que les habitants autochtones : le milieu professionel, les liens familiaux, la disponibilité du parc immobilier. Cependant, il a existé entre le XVIIe et le XVIIIe siècle une tendance au regroupement délibéré de certains groupes nationaux. Les Allemands se répartissent essentiellement dans une vaste zone entre San Luca et Santa Sofia ; les Grecs sont concentrés autour de l'église de San Giorgio ; les Turcs sont installés uniquement dans le palais du duc de Ferrare. Au total c'est la moitié des étrangers qui vit dans des logements contigus. Il existe en fait une relation entre la destination de l'édifice et la présence d'un noyau d'étrangers. Selon l'auteur, si les plus gros agrégats se rencontrent dans un patrimoine unique, c'est que la morphologie des maisons se prête à cette appropriation collective.
D'après le recensement de 1560, il y avait au moins 7000 étrangers venus du continents s'installer à Londres et dans ses environs. Le 20 était originaire de France et le reste des pays-Bas. La plupart d'entre eux étaient des protestants qui fuyaient les violences religieuses. Les zones extra-muros n'étaient pas, à la fin du XVIe siècle, des concentrations exclusives des travailleurs. Néanmoins, en s'y installant, les étrangers contribuèrent à se marginaliser aux yeux de leurs contemporains.
A l'époque moderne, les decrets contre les juifs ont contribué à développer le réseau de solidarité caractérisant déjà leur propres traditions. Dans la péninsule italienne, dès les premières interdictions de cohabitation entre juifs et chrétiens (Sienne : 1391, Bologne : 1417) et après la bulle de pape Paul IV (1556), plus qu'à une véritable expulsion des juifs des centres-ville, on assiste à la constitution progressive de ghettos. Il n'est toujours pas facile de distinguer entre clotûre volontaire et zone de ségrégation. L'auteur s'est efforcé de vérifier si la localisation des ghettos dans les villes italiennes de l'époques correspond à des schémas récurrents. L'examen des ghettos fait penser que le cas de la localisation marginale par rapport au contexte urbain (Venise et Palerme) furent moins fréquents que ceux où l'on fit le choix de la centralité (Florence, Sienne, Ferrare, Modène, Mantoue, Bologne, Padoue, Vérone). A part la diversité des procédures pour l'acquisition du patrimoine immobilier, il y avait beaucoup de caractères en commun (précautions hygièniques, services réservés à la communauté juive, l'appareil décoratif dissimulé à l'intérieur des maisons et des lieux de culte).
A la fin du XVIIe siècle, les Flamands, comme d'autres groupes étrangers, n'ont pas marqué l'espace urbain de Rouen de façon durable, excepté quelques enseignes et quelques chapelles. En revanche, ils ont imprégné et dominé la culture marchande rouennaise de l'époque. Toutefois, leur statut d'étrangers n'a toujours pas été le même sur le plan juridique et sociale.
La Révolution française a accéleré les transformations des relations entre la France et le Maghreb. A partir de 1789, elle a contribué à imposer un discours sécularisé qui, en revendiquant une "mission civilisatrice" pour la France, donnait une nouvelle légitimité à son expansion dans la Méditerranée. Sur le plan des stratégies spatiales de Tunis, la pénétration progressive de l'espace urbain tunisien, parallèlement à l'intensification des échanges commerciaux et à l'influence politique, a modifié les formes d'implantations des Européens. En particulier, alors que l'ouverture spatiale constituait en France l'une des caractéristiques des fêtes révolutionnaires, les Français de Tunis devaient les célébrerdans le cloisonnement du fondouk.
Le faubourg Saint-Antoine est un quartier parisien (est) apparu dans la seconde moitié de XVIIe siècle où les artisans étrangers sont présents, notamment les ébénistes, grâce à une filière d'accueil liée aux qualités professionnelles, aux alliances socio-professionnelles ainsi qu'aux unions matrimoniales conclues conclues avec les filles d'artisans agricoles.
L'immigration a acquis une importance conséquente dans le débat sur les métropoles contemporaines et sur les politiques de la ville aujourd'hui. C'est pourquoi l'on oublie facilement que depuis l'Antiquité, les villes ont toujours accueilli des minorités venues d'autres pays et perçues comme étrangères - au point que l'histoire des étrangers dans la ville coïncide avec l'histoire de la ville même. En s'appuyant sur l'histoire des villes méditérranéennes et européennes du Moyen Age jusqu'au XVIIIe siècle, cet ouvrage met en évidence les pratiques sociales ainsi que d'appropriation symbolique des commerçants et des intellectuels migrants.
L'accueil des migrants à Paris entre le XVIIIe et le XIXe siècle pouvait mettre en jeu de multiples réseaux de relations et d'hébergement, notamment la sociabilité aristocratique, les échanges dans les milieux intellectuels et des artisans. Néanmoins, le mode d'habitation le plus communément partagé était fourni par les auberges, les hôtels et les "garnis", surtout en relation à l'attrait touristique de la ville, depuis le règne de Louis XIX. Les conditions de l'accueil des étrangers ont connu une triple évolution : augmentation de la capacité d'hébergement, différenciation progressive de la géographie de l'hospitalité avec le maintien durable, dans les quartiers plus fortunés, de ressources hôtelières socialement diversifiées. De plus, une surveillance spécifique des populations étrangères s'est progressivement instaurée, avec notamment des archives de contrôle.