Ce dossier aborde l'historicité et l'actualité des alliances, de la sexualité et des mixités intimes en contexte migratoire. Croisant histoire, sociologie et ethnologie, ce numéro aborde la diversification des angles et des méthodes d'approche du phénomène migratoire au prisme des affects et de la sexualité.
La France actuelle est l'héritière d'une longue tradition en matière d'accueil des dieux apportés par les immigrés. Si la monarchie du XVIIe siècle entendit convertir au catholicisme morisques et musulmans, le Malesherbes de l'édit de tolérance (1787) a voulu un texte assez plastique pour satisfaire, au-delà des protestants, de potentiels immigrations et leurs dieux ; la loi de Séparation (1905) a poursuivi dans la même voie, chance plus que handicap pour l'islam, par exemple.
A quelle minorité se réfère-t-on quand on parle des protestants dans une société de plus en plus laïcisée, notamment en France ? Compter les protestants selon l'observance du culte n'est pas un bon critère : la définition fournie par le pasteur ou le protestant orthodoxe n'est pas satisfaisante. C'est plutôt la proximité au protestantisme qui révéle son rayonnement, même au-delà de ses propres rangs, dans la mesure où il absorbe les catholiques qui rebutent certains caractères de l'Eglise romaine. L'auteur distingue les protestants des "faux correligionaires", les fidèles des Eglises "nouvelles", évangéliques, baptistes, pentecôtistes. Que reste-t-il au niveau de la nation dès lors que les fois et les pratiques se sont effondrés ? Pour l'auteur il existe une culture protestante qui se manifeste dans l'orientation des travaux nombreux chercheurs, de Bastide à Leenhardt et Monod notamment.