Les élections législatives de novembre 2002 qui ont eu lieu en Turquie se sont traduites par l'évincement du champ politique des partis à la tête de ce pays depuis 20 ans, l'AKP, fondé en aôut 2001, fruit réformiste de la scission de la mouvance islamiste ayant recuelli 34 pour cent des suffrages et obtenu plus que la majorité absolue au Parlement.; Depuis, afin de satisfaire aux critères de Copenhague et d'obtenir une date d'ouverture pour les négociations d'adhésion à l'Union européenne, le Parlement turc a adopté plusieurs réformes concernant les droits de l'homme, la liberté d'expression et la démocratisation du régime. Cet article se propose de discuter la portée de ces transformations politiques récentes en analysant le mode de gestion coercitif de la question kurde, les tensions provoquées par la montée de l'islam politique et l'implication des élites étatiques dans le champ politique face aux mouvements contestant la doctrine officielle et la "cartellisation" du champ politique.