A partir d'un entretien avec une linguiste, analyse de l'évolution des désignations de l'immigré dans la presse et des stéréotypes visant l'Autre.
Peut-on trouver au mot race des termes de substitution comme ethnie, culture, population. Ne risquent-ils pas d'être aussi lourds d'implicite. Une histoire linguistique des significations et représentations sociales et politiques attachées au mot race ouvre ce débat à travers l'analyse critique d'un échantillon de textes divers : littérature, terminologie...). Le mot race attesté en français en 1480 est lié au concept de caste et filiation (comportement matrimonial, lignée, noblesse) et au concept d'espèce animale (élevage). Mais le mot race permettait des ambivalences péjoratives qui seraient aujourd'hui affectées au terme individu. Des typologies, appartenant au modèle biologique (XIXe siècle) et au modèle logico-mathématique (XXe siècle) ont été transposées dans le champ de la philosophie et des sciences humaines. Le mot race pris des connotations liées à l'idéologie et au politique (colonialisme, antisémitisme). Rejeté des lexiques scientifiques il reste dans l'usage.
Doit-on supprimer le mot race du texte de droit constitutionnel interdisant toute discrimination. Peut-on réglementer une pratique langagière. Il s'agit d'explorer la polysémie du mot race, ses champs sémantiques et conceptuels et ses procédures d'énonciation afin d'en rejeter (ou non) l'emploi dans l'expression «sans distinction de race».
Intégration : consensus sur le terme, dissensus sur le sens. C'est ce que met en évidence l'analyse de contenudes textes publiés dans "Le Monde" entre le mois de novembre 1989 et avril 1990, non seulement les articles journalistiques mais aussi les contributions des chercheurs ou des intellectuels et les discours des leaders politiques et associatifs.
Cet article apporte quelques éléments de recul et de distance à l'égard des mots et d'expressions qui paraissent évidents à ceux qui les emploient. Immigrés, étranger, intégration sont ainsi analysés. La nouvelle citoyenneté, et la notion de communauté sont également commentées. L'auteur de «L'immigration prise aux mots» esquisse ici une mise en perspective sur vingt ans.
Analyser le vocabulaire éclaire d'un jour nouveau les débats de fond qui traversent notre société. Le linguiste n'a pas de leçon à donner à ceux qui, sur le terrain, doivent trouver les formules de leur action, et parfois avoir recours aux plus communes et peut-être aux plus ambiguës pour se faire entendre. Cet article souhaite apporter quelques éléments de recul et de distance à l'égard de mots et d'expressions qui paraissent évidents et transparents à ceux qui les emploient. Eclairer l'histoire et les trajets de quelques formules, interroger les notions qui sont à la source d'une politique, tels sont les objectifs de l'auteur qui reprend plusieurs travaux déjà publiés. Ainsi les mots immigration et immigré, étranger, travailleur immigré, intégration, insertion, assimilation sont replacés dans leurs évolutions historiques et politiques. Leur analyse conduit l'auteur à poser la question de la notion de communauté dans le cadre de la nation française, communauté française et communauté étrangère.
Issu d'une thèse d'Etat, cet ouvrage analyse un corpus d'articles parus dans la presse politique nationale, entre 1974-1984. L'étude prend en compte la répartition quantitative des articles selon une double approche diachronique et synchronique, les processus de localisation effectués dans les choix rédactionnels des journaux les plus représentatifs du paysage politique français, enfin l'analyse lexicométrique, par unités énonciatives. L'analyse du discours politique et journalistique, des contextes d'apparition, de modification, d'élision de certains termes et de leurs référents s'élargit en un travail serré de déconstruction des évidences langagières, de leurs effets de sens, mettant à jour les préconstructions qui affectent autant le langage naturellement utilisé aujourd'hui sur l'immigration que sa réception sociale. Se dégagent alors les analogies et inférences socio-politiques répérables dans le discours politique, en France actuellement, quand les systèmes de désignation et de représentation de Soi et de l'Autre ne semblent plus décliner les appartenances que sur le mode des emprunts idéologiques et des convergences indifférenciées.
A partir de la présentation d'un certain nombre d'articles de périodiques, de journaux, l'auteur soutient la problématique suivante selon laquelle : «la fermeté des positions de l'extrême-droite et de l'extrême-gauche sur la question de l'immigration proviendrait du fait qu'elles l'intègrent de façon cohérente à leur vision générale du monde et des rapports sociaux. La versatilité et l'inconstance des partis politiques traditionnels sur ce thème tiendraient à ce qu'ils l'abordent le plus souvent marginalement et accessoirement sans l'insérer dans une argumentation politique globale».
Cette analyse lexicale d'articles de presse portant sur les immigrés et l'immigration, parus en France entre 1974-1984 et opposant les partis politiques des «extrêmes», extrême-droite et extrême-gauche, et du centre d'approche universaliste, souligne le caractère flou de la frontière qui sépare racisme et antiracisme.
Y-a-t-il bien eu progressivement entre 1974-1984 élaboration d'une pensée consensuelle sur l'immigration entre les grands partis politiques français de la majorité et de l'opposition, sur quelles bases et dans quel rapport aux extrêmes de l'échiquier politique. Cet article cherche à répondre à la question à partir d'une analyse des stratégies référentielles de la presse à savoir dix journaux politiques de parti ou d'opinion.