Fondée sur une énigme historique et linguistique, la singularité basque se révèle en réalité dans l'enchevêtrement de ses versions et de ses métamorphoses romantique, illuministe, républicaine, traditionaliste, religieuse, fascisante, nationaliste, post-moderniste. L'ouvrage en fixe les généalogies et les usages, en proposant une double perspective : mettre en évidence, par le recours à l'anthropologie historique, les conditions de constitution de la basquité en figure culturelle sous l'action de savoirs organisés (ethnographie, histoire, linguistique) et d'institutions (Etat et Eglises en particulier), en France mais aussi en Espagne, et par écho, en Angleterre et en Allemagne ; suggérer une méthode d'analyse des singularités culturelles à un moment où les revendications dites identitaires empruntent le langage du néo-régionalisme ou du nationalisme, troublant fortement les paysages culturels et politiques hérités pour l'essentiel du 19e siècle.
L'auteur s'intéresse aux modalités de traitement des thèmes de la nation et du nationalisme par les sciences sociales. Durkheim et Mauss se réfèrent de manière constante au phénomène national, sans pour autant lui consacrer des travaux majeurs. Pour sa part, Marcel Maget n'a pas manqué de rappeler son importance cardinale dans la formation des sociétés modernes. L'auteur appelle en conclusion à un véritable sursaut des sciences sociales, et de l'anthropologie en particulier, pour en faire un objet d'étude fondamental.