Cet article souligne comment caractériser socialement et culturellement l'intervention de l'Eglise catholique dans le contexte actuel de l'immigration en France. Dans ce contexte, son action et sa réflexion sont en tension entre deux pôles : un pôle d'enracinement dans l'identité et dans l'histoire de la société française et un pôle d'universalité et d'ouverture au pluralisme culturel. C'est en maintenant ces deux pôles en tension dans ses engagements au service des migrants au sein de la société française, en faisant agir l'un et l'autre face aux événements et aux sollicitations de populations différentes par la tradition culturelle ou religieuse que l'Eglise peut exercer la fonction de médiation qui caractérise sa mission, à travers les aumôneries ethniques, la pastorale des migrants, l'engagement dans les quartiers, l'accueil dans les églises...

En 1994, des délégués d'Eglises catholiques venus de 20 pays d'Europe se sont réunis à l'invitation du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants. Leurs réflexions ont porté sur le thème des étrangers en situation illégale en Europe. En conclusion de cette rencontre ils ont adressé quelques appels aux autorités politiques de leurs pays respectifs, appels assortis d'une invitation pressante adressée aux chrétiens pour manifester une solidarité active avec les clandestins. Les grands thèmes de ce document furent repris dans le Message du pape Jean-Paul II pour la Journée mondiale des migrants en 1996. Cet article fait une analyse de l'accueil des sans-papiers dans les églises et présente la contribution des Eglises à la recherche d'une politique d'immigration européenne.

Le 18 novembre 1996, le Collège des médiateurs, sorte de «conseil des sages» constitué à l'initiative d'Ariane Mnouchkine, au printemps 1996, pour venir en aide aux «sans-papiers» de Saint-Bernard, a tenu ses Assises. Celles-ci sont l'aboutissement d'un long travail de consultations, d'analyses et de réflexions qu'ont mené les médiateurs sur la question de l'immigration, parallèlement à leurs interventions concrètes pour tenter de démêler les situations inextricables dans lesquelles l'Etat français a plongé les «sans-papiers». Par la tenue de ces Assises, les médiateurs ont voulu faire le point et marquer le pas, afin de dégager des perspectives et de rebondir sur les changements souvent radicaux qui sont absolument nécessaires dans un certain nombre de domaines touchant à l'immigration. Ceci pour qu'enfin, ce problème soit traité dans sa réalité, dans sa complexité et dans sa dimension d'humanité. Le travail s'est organisé selon trois thèmes sur lesquels ont eu lieu différentes interventions : la relation entre la coopération internationale et les flux migratoires; la dimension européenne de l'immigration et son traitement par les instances communautaires; le cadre juridique et législatif français en la matière.

Analyse de l'évolution de l'Eglise catholique en Europe par rapport à l'immigration : changement dans l'attitude adoptée vis-à-vis des immigrés eux-mêmes, changement dans la manière dont cette institution religieuse conçoit la pastorale des migrants, changements dans le rapport de l'Eglise avec la société politique, changements dans la relation de l'Eglise avec les autres traditions religieuses, en particulier l'islam.

Témoignage d'un aumônier de prison sur le désarroi des jeunes musulmans et le rôle de référence identitaire joué par l'Islam. L'Islam confronté à la sécularisation. Les chances d'un avenir commun entre chrétiens et musulmans Maghrébins de la seconde génération. Les conditions du dialogue et de la communication. La nécessaire ouverture culturelle de l'Eglise catholique en France.