Espace d'émigration traditionnel, le Maghreb est devenu un espace de transit vers l'Europe au cours des années 1990. L'immigration subsaharienne y est désormais un fait sociétal et spatial majeur. Ces études montrent les tenants, les aboutissants et les significations d'une réalité qui conduit à une reformulation de la question de l'altérité dans ces sociétés.
D'importants flux de populations venues d'Afrique noire se déploient à travers le Sahara vers le Maghreb et, pour une part beaucoup plus limitée, vers l'Europe.; Partant initialement du Sahel, ces courants migratoires, en augmentation constante, s'étendent aujourd'hui à toute l'Afrique de l'Ouest. Les itinéraires, empruntant les segments revivifiés des anciens axes transsahariens, contribuent à affermir la place de ceux-ci dans les courants d'échanges. Ils recomposent les espaces urbains traversés et favorisent l'émergence de noeuds qui facilitent la circulation. Celle-ci, marquée par la coexistence contrastée entre secteurs l'inhibant et d'autres la facilitant, aboutit à une canalisation très sélective des flux, au prix de détours fortement accusés, qui fondent le privilège de l'itinéraire agadézien, et l'émergence d'Agadez comme carrefour quasi-exclusif des routes migratoires.; Les flux, densifiant le contact entre Méditerranée et Afrique noire, sont générateurs de proximité mais aussi de heurs et de conflits dans les pays maghrébins qui ne sont plus seulement des zones de transit mais deviennent des pays d'installation. L'immigration, ne se limitant plus à l'espace euro-maghrébin mais débordant sur les pays africains, prend ainsi une dimension intercontinentale. (résumé de la revue)