Ce dossier s'interroge sur les rapports entre migration et religion, d'une façon pluridisciplinaire et à partir d'aires géographiques multiples. Il met en lumière les processus de transnationalisation religieuse dans des contextes de migration.
Les migrants sénégalais mourides ont opéré par leur mobilité une mutation autour des mythes fondateur de la confrérie mouride, le rapport travail/prière. Ces transformations reflètent les évolutions contemporaines du dispositif religieux mouride qui s'est délocalisé et adapté au gré des routes migratoires de ses taalibé-s. Sur ces routes économiques vont se construire des itinéraires religieux et inversement. De la sorte, il existe aujourd'hui dans la migration des routes qui permettent de se ressourcer spirituellement. La captation de la baraka et l'occasion pour le taalibé de se rendre dans diverses villes où sont organisées des cérémonies religieuses mourides. Ces nouvelles routes se constituent afin de mobiliser diverses ressources religieuses, mais se confondent souvent avec la recherche de nouvelles marchandises ou de nouveaux contacts pour "affaires". Si les pratiques religieuses s'adaptent en migration, c'est pour offrir au taalibé qui se retrouve loin de la ville sainte de Touba, les moyens de profiter des bienfaits spirituels du mouridisme. En contre-partie certains disciplines privilégient la recherche de gain comme garantie de salut. Ainsi on peut observer une certaine mutation d'un ethos économique-religieux autour du travail à une éthique de la réussite économique inscrite daqns les parcours religieux. (résumé de la revue)
Le commerçant mouride est devenu une des figures les plus emblématiques du transmigrant, capable d'articuler places marchandes et lieux de vie transnationaux. Parallèlement s'est déployée une entreprise religieuse, délocalisée et recomposée au gré des parcours migratoires. Les liens entre les activités des migrants et leur gestion du mouridisme sont porteurs de sens pour qui cherche à comprendre les nouvelles formes transnationales de la migration.
L'évolution de la politique d'immigration en France et plus particulièrement dans le centre de Marseille a entraîné le départ de commerçants mourides vers l'Italie, l'Espagne ou les Etats-Unis où la libre circulation est plus facile entre le Sénégal et les autres pays du monde.