Le rôle de l'école, des institutions et des associations dans la connaissance et la reconnaissance des langues, la transmission familiale, le rôle identitaire de la langue, le droit à la langue du pays d'accueil, mais aussi la langue facteur d'exclusion ou d'intégration, sont les thèmes abordés dans cet ouvrage qui s'est aussi attaché à réinterroger quelques idées reçues.
Si la référence aux ZEP va de pair avec les difficultés d'apprentissage des élèves, rares pourtant sont les travaux en didactique du français qui réfèrent aux réalités auxquelles les enseignants sont confrontés dans le quotidien de la classe pour "faire le programme quand même" et assurer les apprentissages. En revanche, la référence aux ZEP peut être synonyme de propositions, plus que de recherches, de langue comme objet de travail. Depuis quelques années, les élèves de ZEP eux-mêmes ont cependant fait l'objet de recherches mettent au jour, souvent finement, leurs difficultés dans les différents domaines de mobilisation du langage et de la langue, et des travaux de plus en plus nombreux mettent ainsi en relation étroite les manières de faire des élèves avec les formes scolaires et les pratiques enseignantes. (Introduction de l'article)
Comment les « nouveaux lycéens » vivent-ils et interprètent-ils les situations et activités scolaires ? Comment travaillent ces adolescents qui, il y a quelques années, n'auraient pas eu accès au lycée ? Comment font-ils face aux exigences propres aux formes scolaires et au travail d'écriture spécifiques du second cycle du secondaire ? Ce livre, issu d'une recherche menée dans le cadre de l'équipe ESCOL de l'université Paris VIII, reprend les questions soulevées et le cadre théorique mis en oeuvre dans l'ouvrage Ecole et savoir dans les banlieues et ailleurs (corédigé avec Bernard Charlot), en les adaptant et en les spécifiant au niveau du lycée.
La question de la langue est à nouveau à l'ordre du jour car elle est le lien de production et de stigmatisation des différences sociales et culturelles, et des différences par rapport à l'école et aux savoirs. Le danger est grand de passer de la prise en compte et de la reconnaissance dans l'institution scolaire des usages quotidiens des jeunes au maintien de ces derniers dans une marginalisation linguistique et sociale.
La sociologie de l'éducation a largement démontré la corrélation entre échec scolaire et appartenance à une catégorie socio-professionnelle défavorisée. Si cela est fondamental, il n'en reste pas moins que d'autres variables relatives à l'individualisation des parcours des élèves rendent possible la réussite scolaire selon le rapport que ces derniers entretiennent avec le ou les savoirs dispensés par l'école. Cette mobilisation différenciée se retrouve dans l'apprentissage intellectuel et l'apprentissage de la langue aussi bien dans l'enseignement secondaire que dans l'enseignement primaire. Ceci implique d'autres relations enseignants-enseignés que celles que véhicule la pédagogie traditionnelle, de tenir compte des relations école-parents et d'une manière générale de mobiliser les acteurs en plaçant la question du sens au centre de la démarche cognitive.
Deux types de représentations doivent être révisés : celui des enfants de migrants mauvais dans l'apprentissage du français, incapables de s'exprimer, et celui de leur famille comme élément négatif dans leur histoire scolaire. Une pédagogie centrée sur l'apprentissage de la langue écrite peut se monter extrêmement efficace à condition que la langue ne soit pas «que» discipline d'enseignement mais qu'elle soit utilisée dans ses fonctions cognitives, de construction des savoirs.
Cette thèse correspond à un travail d'élaboration conceptuelle et méthodologique qui s'appuie sur des articles et ouvrages écrits sur une période d'une quinzaine d'années. Les analyses présentées permettent de prendre la mesure de la complexité du fonctionnement du langage dans la construction de la différenciation sociale, du rapport au savoir et aux apprentissages dans l'institution scolaire.