Le présent dossier propose de saisir dans leurs ambivalences des dynamiques contemporaines en matière de citoyenneté, à partir d'une conception large de cette notion, envisagée ici non au regard des seules définitions juridiques, mais en tenant compte de la mise en oeuvre effective de rapports de citoyenneté, conçus comme une "prise de part" aux affaires de la cité.
Cette contribution entend mettre en perspective quelques chantiers et interrogations contemporaines en Hongrie, proches de l'anthropologie urbaine.
Depuis les années '90, la collaboration entre chercheurs d'Europe de l'Ouest et de l'Europe de l'Est s'est intensifiée. Cet ouvrage est le résultat d'échanges théoriques à propos de ce que la démarche anthropologique peut apporter en matière de compréhension de la ville contemporaine. Il rend compte de plusieurs enquêtes menées dans des villes de France, de Hongrie et de Roumanie. Ainsi sont approfondies diverses notions comme celles de frontières culturelles et de perception des changements paysagers. Si des différences sont perceptibles, on note aussi des évolutions convergentes. (Présentation de l'éditeur)
Le quartier de la Place du Pont est un quartier populaire et immigrés du centre-ville de Lyon. Ce morceau de ville est de peu de poids à l'échelle de l'agglomération, en habitants et en superficie, et fait l'objet de procédures lourdes et disputées de renouvellement urbain depuis plus de 10 ans. Mais, la Place du Pont désigne, pour les populations notamment maghrébines qui la fréquentent, un lieu-relais de la ville, un carrefour de réseaux de sociabilités et d'affaires, un espace de ressources et d'approvisionnement. Aujourd'hui, la Place du Pont mobilise des clientèles habitant l'ensemble de l'agglomération, de l'aire urbaine, de la région et au-delà. Les offres commerciales qu'elle propose tendent à concentrer des services, requis par la circulation d'informations, d'hommes et de marchandises, ainsi que des produits pour des "mobilités culturelles sur place". La Place du Pont apparaît ainsi comme une vitrine où s'exposent et se mettent à l'épreuve de nouveaux produits et de nouveaux services adaptés à des univers d'approvisionnement qui ont des dimensions commerciales et culturelles, économiques et sociales, et comme un espace de ressources pour des populations dont les manières de vivre en migration se diversifient et se recomposent. Alors même que son destin urbain est incertain, la Place du Pont s'affirme comme un lieu et un moment urbain de ritualités minoritaires. (résumé de la revue)
Les cultures des jeunes issus de l'immigration maghrébine ont suscité différentes approches depuis vingt ans. On a parlé d'une intégration achevée culturellement mais pas socialement. Ensuite, les analyses ont été marquées par l'Islam et la gestion politique de l'immigration. Mais, d'après l'auteur, elles mettent en évidence des microcultures et des répertoires individuels.
Les associations des jeunes maghrébins suivent aujourd'hui des destins variés qui se disséminent dans l'espace public : défense des droits sociaux au plan local, affirmation d'une identité communautaire, investissement dans l'industrie culturelle, etc. Pour ces générations, le cadre associatif reste cependant un instrument privilégié de la pluralisation des villes et des manières d'être citoyen.
Histoire des émeutes de jeunes depuis 1981 jusqu'en 1990, dans la banlieue lyonnaise, à partir des rodéos des Minguettes jusqu'aux affrontements avec la police à Vaulx-en-Velin. L'insuffisance de la politique de développement social des quartiers qui n'a jamais réussi à associer les associations de jeunes, ni le mouvement beur des générations issues de l'immigration, oblige à repenser l'intégration sur le modèle républicain dans sa dimension sociale.
Au centre de l'actualité politico-culturelle de la France en 1983, les associations de jeunes issus de l'immigration sont approuvés, par beaucoup, comme des espaces de regroupement, de parole et d'action collective. Mais l'émergence de nouveaux types d'actions tels SOS Racisme ou France Plus, beaucoup plus médiatiques, l'«ethnicisation» de certaines composantes du mouvement beur, la fragilisation interne de certaines associations ont peu à peu essouflé un mouvement prometteur à plus d'un titre.