L'ouvrage regroupe des articles, conférences et cours parus entre 1950 et 1965. Ce recueil d'articles de R . Bastide illustre largement sa démarche. Elle consiste à étudier les cultures " à l'intérieur des sociétés globales concrètes " et à prendre en compte les hommes appartenant aux civilisations qui se trouvent en présence et qui agissent les unes sur les autres. La première partie du livre porte sur la " rencontre entre des hommes " et analyse le préjugé racial, le problème des relations raciales dans le monde occidental et leur dimensions économique, sexuelle et religieuse ainsi que les normes et les stéréotypes propres à un contexte fortement racisé tel Sao Paulo (l'enquête au départ avait été commanditée par l'UNESCO). La deuxième partie analyse différentes formes d'acculturation (formelle, juridique, folklorique, culinaire, littéraire, religieuse). Cette réflexion sur le métissage permet de comprendre en particulier l'ambivalence des syncrétismes religieux et la métamorphose du sacré, notamment dans les confréries religieuses des candomblés. La troisième partie du livre examine différentes formes de messianisme en relation avec le développement économique et social ainsi qu'en relation avec le nationalisme de l'Amérique latine.

Ce texte, qui a servi d'introduction à un ouvrage sur le dialogue entre l'anthropologue Margaret Mead et l'écrivain noir James Baldwin, porte sur le moment historique de remise en question de la frontière entre les "Blancs" et les "Noirs" aux Etats-Unis. Toutefois, les contradictions entre les deux mondes dévoilent comment l'entente ne peut se réaliser que dans "la commune participation à une même praxis". Enfin, Bastide suggère une comparaison entre la situation américaine et celle française vis-à-vis des français des Antilles.

En plus du "dilemme américain" traité par Myrdal, Bastide met en exergue les contradictions du Brésil légitimant un véritable dilemme brésilien entre paternalisme et égalitarisme vis-à-vis des Noirs. Dans ce texte de 1957, l'auteur montre comment, du fait des bouleversements de la structure sociale et du développement des idées démocratiques, une lutte pour l'égalité économique (et non simplement juridique)entre différents groupes ("races" dans le texte) tend à s'implanter au Brésil, tout en substituant l'ancien paternalisme affectif et le code de conduite de "l'homme cordial". D'où la naissance d'une "conscience de race" chez les hommes "de couleur" et des discriminations chez les "Blancs".

Comparaison de la condition des Noirs d'Amérique du Nord et d'Amérique latine. Analyse de deux sociétés, type concurrentiel ou anglo-saxon, type paternaliste ou latino-américain. Analyse de l'évolution de ces deux sociétés où se dessinent de nouvelles tendances vers plus d'égalité raciale.

Le racisme ne peut s'expliquer seulement sur la base de causes économiques. Or, le christianisme apporte avec lui une certaine symbolique des couleurs. Cette symbolique survit à la disparition des racines mystiques et chrétiennes. Certes, le Christ transcend toute ethnie mais il ya bien eu des Vierges Noires objet d'un culte particulier, notamment en Europe. La Vierge Noire est moins la mère aimante que la magicienne, la miraculeuse. Le symbolisme de la noirceur n'est donc pas aboli dans le culte mais refoulé. L'association entre noir, Satan et péché est aussi agissante chez les protestants que chez les catholiques, même si elle s'est traduite par des comportements différents chez les uns et chez les autres. De fait, il reste quelques résidus de l'antithèse "ombres et lumières", même si le mouvement ne va plus entre le blanc et le noir mais il s'est élargi à une série d'expériences du monde occidental avec les non-Européens.

Après une interruption de 1916 à 1928, Roger Bastide retrouve une Valence à la population plus cosmopolite avec la présence d'Espagnols, d'Arméniens, de Marocains. Il observe des faits de ségrégation appelés, pense-t-il, à disparaître. Bastide étudie la communauté arménienne de la ville.