Dans cet interview l'auteur explique que le développement croissant des relations internationales oblige à repenser la citoyenneté, qui ne peut plus être limitée au seul cadre national.
L'auteur envisage le flux migratoire en termes d'économie politique, érigeant l'interaction entre marché et politique en principe explicatif. Pour lui, la crise de l'Etat et des mécanismes de régulation politique invite à réintroduire l'hypothèse que le marché a des propriétés structurantes au sein de l'espace mondial, le rendant plus fonctionnel que les relations diplomatico-stratégiques conventionnelles. Il analyse ensuite l'application de tels principes au monde de la migration.
S'interrogeant en géographe, l'auteur montre comment les processus migratoires viennent s'insérer à la charnière des territoires et des réseaux. La combinaison de ces deux constructions de l'espace ne vient pas seulement bousculer les méthodes et les approches d'une géographie classique, mais renouvelle aussi la connaissance de l'ordre international : les réseaux migratoires participent à la formation d'un système spatial mondial au sein duquel prolifèrent logiques d'interdépendance et échanges généralisés.
L'auteur économiste, réfute la conception néo-classique de la migration et montre que le paradigme du marché est insuffisant. Il démontre aussi que l'incidence de l'immigration est négligeable tant sur l'emploi que sur le revenu des agents économiques non immigrés. L'économiste doit donc appréhender les déplacements de populations à travers la diversité des situations régionales et locales.
Dans ce chapitre, l'auteur montre comment le flux migratoire bouscule les catégories classiques qui fondaient l'ordre interétatique. Les principes de territorialité et de souveraineté résistent inégalement aux effets des flux internationaux, d'autant plus qu'il est impossible de traiter avec des flux qui résultent de la seule agrégation de droits individuels ou en tout cas de non-stratégies. Cette tension entre logique d'Etat et logique migratoire tend à dramatiser cette dernière.
Le thème des migrations fait éclater les cadres d'analyse des grandes disciplines : sciences politiques, droit, économie, géographie, sociologie, histoire. Conçu comme un échange entre chercheurs français, canadiens et nord-américains, ce livre montre comment les réseaux migratoires contribuent à façonner l'espace international et à forger une société mondiale faite, comme toute société, de tensions, de conflits, d'intégrations manquées mais aussi d'interactions croissantes.
Privilégiant la question des droits de l'homme, l'auteur montre l'incertitude des rapports entre droit et immigration. Peu pressés de se soucier des droits fondamentaux, les Etats ont fait face aux besoins de fluidité de la main-d'oeuvre en recourant à un droit positif qui cherchait à asseoir leur prétention souveraine; contraints et forcés de respecter la hiérarchie des droits, ils ont cependant été amenés à atténuer cette conception brutale de leur souveraineté.
L'auteur analyse les effets de la guerre du Golfe sur les imaginaires sociaux des deux côtés de la Méditerranée : elle n'a pas entraîné de reflux ou de retour forcé de l'immigration, mais aurait plutôt accru le désir de départ de la classe moyenne et des élites en fragilisant les systèmes politiques qui résistent mal aux poussées islamistes. Côté français, les Maghrébins dans leur grande majorité choisissent un comportement d'intégration, mais il ne faut pas négliger pour autant le groupe (20 environ) qui développe un discours de rejet formel, qui pourrait se traduire, dans une étape ultérieure, par un discours néo-communautaire.
L'objet de cette étude est d'identifier les règles juridiques qui déterminent le lieu, entre les personnes et les Etats (la nationalité) et d'analyser les conséquences juridiques qu'il a sur la liberté de déplacement et d'établissement (la migration) dans une perspective de relations internationales, c'est à dire du point de vue des rapports entre les Etats en droit international.
Procédant à une approche historique des relations internationales, l'auteur montre comment se trouve modulée dans le temps la capacité de l'Etat à contrôler, à réfuter, voire parfois à susciter le flux migratoire. L'histoire fait ainsi apparaître des séquences qui organisent distinctement le couple Etat-migration : époque mercantiliste, époque des révolutions, époque contemporaine.