Dans la première partie de ce livre, l'auteur examine la complexité de trois thème qu'elle considère entrelacés : l'antisémitisme, l'impérialisme et le totalitarisme. Des textes complémentaires d'Hannah Arendt (les techniques de la science sociale et l'étude des camps de concentration, comprendre le communisme, autorité, tyrannie et totalitarisme et quelques correspondances) viennent en suite en complément d'une analyse sur les " sombres temps ".Dans la deuxième partie, l'auteur examine les discours des protagonistes des deux procès qui, entre 1961 et 1962 ont concerné Adolf Eichmann. Sur le plan juridique, l'auteur souligne qu'en visant une sorte de crime contre les juifs, plutôt que contre l'humanité, le tribunal de Jérusalem, tout comme celui de Nuremberg, n'a pas compris la nouveauté radicale du génocide.
Publication en collection de poche de la traduction parue en 1973 chez Calmann-Lévy où Hannah Arendt analyse les fondements de l'idéologie antisémite qu'elle distingue de l'antijudaïsme religieux. La montée de l'antisémitisme coïncidant avec le déclin de l'Europe organisée en nations, il doit être replacé dans le cadre plus général du développement de l'Etat-Nation ; en même temps sa source doit être recherchée dans certains aspects de l'histoire juive qui éclairent les conflits entre les Juifs en tant que groupe et certaines classes de la société. Après avoir analysé les relations entre les Juifs et la société, le livre traite de l'affaire Dreyfus, répétition générale des événements de notre temps.
C'est en Afrique, à la fin du siècle dernier, que l'impérialisme fait son entrée sur la scène mondiale. L'auteur analyse la montée de l'expansionnisme français, britannique et allemand comme but politique suprême, des discours sur la race avant le racisme comme fondement du corps politique, de la bureaucratie comme principe de domination. L'expansionnisme des pays qui n'avaient pu prendre part à la soudaine expansion des années 1880, l'éveil des minorités, les mouvements de réfugiés consécutifs à la Première Guerre mondiale achèvent de saper l'Etat-nation et portent un coup sévère aux droits de l'homme. Le mépris de la loi, la justification idéologique de l'illégalité, l'éclatement des partis et des structures politiques : l'Europe travaille avec acharnement à l'avènement du système totalitaire.
Hannah Arendt propose une analyse du politique en s'appuyant à la fois sur la tradition philosophique (Socrate, Platon, Machiavel, Bergson, Engels, Marx, Weber) mais aussi sur des documents du Pentagone en relation avec la guerre froide et le Vietnam. Dans ce dernier cas, elle montre que l'usage exagéré du secret, dans la gestion de la documentation de la Maison Blanche et du Département d'Etat, engendre confusion et ignorance. Le concept de violence est étudié selon deux angles d'approches : dans la relation entre la structure étatique et les formes de contestation qui peuvent émerger (la désobéissance civile aux Etats-Unis notamment) ainsi que dans la violence des révoltes propres aux pays totalitaires où se développe la bureaucratie.