Cet ouvrage apporte une contribution à la connaissance des populations immigrées en leur donnant la parole, dans le cadre d'une étude effectuée sur les familles d'origine algérienne en France. La recherche a été menée par le biais d'une enquête de terrain auprès de neuf familles tri-générationnelles comprenant une population de 184 personnes. L'objet de l'étude a plus précisément porté sur les processus différenciés d'intégration à travers l'analyse des pratiques culturelles, matrimoniales, langagières et religieuses des membres de chaque famille, les rapports à l'institution scolaire, l'insertion socio-profesionnelle, les trajectoires migratoires et professionnelles ainsi que la mobilité sociale et professionnelle. Les résultats rendent compte de la diversité des parcours et de la singularité des trajectoires sociales des membres des familles enquêtés, ce qui démontre qu'il n'y a pas d'intégration type, mais différents niveaux et différentes formes d'intégration au sein de la société.
Depuis le début des années quatre-vingt, les périphéries urbaines françaises semblent être devenues le théâtre d'une exclusion croissante. Selon l'auteur les particularités des pratiques et des valeurs des jeunes de banlieue, permettent de parler sur la longue durée d'une forme de cohérence d'un "ensemble populationnel". L'objet de recherche "jeunes de banlieue" se fonde sur des perceptions et des affects tout autant que sur des conditions sociales et matérielles. Cet exemple présente une valeur heuristique pour les nouvelles approches du lien social, dans la mesure où les seules études des faits sociaux "objectifs" n'arrivent pas à rendre compte de la totalité des expériences sociales.
Si l'on étudie la famille immigrée à partir de la trajectoire migratoire des parents ou de la trajectoire professionnelle de chacun de ses membres, force est de constater que le processus d'intégration varie d'un individu à l'autre. L'observation de la position des Algériens en France vis-à-vis du mariage, de l'école, de l'insertion professionnelle, de l'islam ou de la pratique religieuse révèle une diversité de comportements et de parcours singuliers qui mobilisent des stratégies différenciées et ne permettent pas de réduire l'assimilation à certains moments-clés identiques ou généralisables à l'ensemble de la population concernée.