La nationalité (ainsi que le nationalisme) est ici présentée comme un artefact culturel de type particulier. La création de ces artefacts vers la fin du XVIIIe siècle a été le résultat du croisement complexe de plusieurs forces historiques présentes dans des lieux précis de l'Occident. Le caractère "modulaire" de ces artefacts leur a permis de s'adapter à de multiples contextes politiques et idéologiques. Ensuite, la convergence entre capitalisme et technologie de l'imprimerie a permis la constitution d'une nouvelle forme de communauté imaginée qui est le fondement de la nation moderne. La nation est ici définie comme une communauté politique imaginaire dans la mesure où ses membres partagent l'idée de leur propre "communion".
L'auteur interroge le sens de la nationalité en tant que sentiment individuel et culturel d'appartenance à une nation. Analyse du processus de formation dans différents pays du monde du sentiment national. Anderson étudie la territorialisation de la foi religieuse, le déclin des royautés anciennes, l'interaction entre le capitalisme et l'imprimerie, le développement de langues vernaculaires et les conceptions du temps. L'auteur montre que le nationalisme développé au départ dans les Amériques, a été progressivement adopté par des mouvements populaires en Europe, par les pouvoirs impérialistes et par les groupes de résistance anti-impérialiste asiatiques et africains. L'apparition du nationalisme à la fin du XVIIIe siècle n'est pas venue de l'érosion des certitudes religieuses ou des transformations des religions dans le monde. ; Les deux chapitres insérés dans cette édition permettent d'articuler les premières formes de nationalisme avec celles des pays issus des empires coloniaux. Dans un cas, l'auteur examine le rôle complexe de la mentalité nationale colonialiste dans le développement du nationalisme du Tiers-Monde au moment des indépendances. Dans l'autre, elle analyse les processus par lesquels, dans le monde entier, le nationalisme est arrivé à s'imaginer comme ancien.