La lutte contre le chômage et son corollaire, l'insertion économique et sociale des populations les plus défavorisées, sont devenus un enjeu politique dans la plupart des pays européens. Cet article tente d'avancer des explications au chômage (contexte international et explications macro-économiques, et parfois sociologiques), analyse le social comme substitut à l'économique, le passage du "welfare" au "workfare", les attitudes au travail et les modalités de l'insertion par l'économique.
La persistance du chômage et le développement de l'exclusion sociale constituent deux défis majeurs auxquelles la France et d'autres pays de l'Union européenne se voient confrontés. Une telle situation a amené la Commission européenne à prendre des initiatives qui visent à compléter et/ou à relayer celles prises par les autorités locales, régionales ou nationales. Les actes du colloque "L'insertion par l'économique" permettent de suivre l'évolution des idées, de connaître différentes expériences et pratiques et de mesurer l'impact et les limites des politiques mises en oeuvre. Trois exposés posent les bases théoriques de la réflexion sur ce sujet : Les enjeux de l'insertion par l'économique des populations défavorisées, analyse sociologique du chômage des jeunes et des politiques d'insertion, la spécificité de la situation irlandaise dans le cadre de la Communauté européenne. Suite à ces exposés, trois thèmes de débat se dégagent : le premier vise à appréhender le rôle de la formation, le second porte sur les méthodes de recrutement et de sélection utilisées pour les publics démunis et vise à analyser les répercussions de ces pratiques sur les intéressés, le troisième analyse les limites et les modalités d'intégration économique des plus démunis. Enfin, une table ronde porte sur les stratégies des entreprises en matière d'emploi des populations défavorisées, une deuxième porte sur les attitudes des populations démunies face au travail.
Les propos de cet article est moins de faire un bilan de recherche sur les dispositifs d'insertion que d'apporter quelques jalons dans la réflexion sur la spécificité du chômage des jeunes dans la région Nord-Pas-de-Calais, par rapport au contexte français et européen, et sur les réponses nouvelles qui ont été apportées depuis le début des années 80 à ce qui est devenu la nouvelle "question sociale", où l'on est passé d'un système de protection sociale marqué par une logique d'assistance à des stratégies d'insertion dans un contexte marqué par un accroissement quasi permanent du chômage.
Partant du constat que le paradigme de la reproduction sociale est fréquemment au coeur des analyses relatives au devenir des jeunes issus de l'immigration, les auteurs se sont a contrario posé la question de la réussite scolaire de ces jeunes et des conditions de cette dernière. Ils présentent les résultats d'une enquête menée auprès des jeunes d'origine algérienne et portugaise dans deux régions de France : Nord-Pas-de-Calais et Provence-Alpes-Côte-d'Azur, portant sur leur scolarisation et sur les modalités de leur insertion professionnelle.
Etude sur les entreprises ethniques aux Etats-Unis basée sur le recensement de 1980 et les interviews de trois groupes de petits commerçants : Blancs, Hispaniques, Coréens de deux quartiers des Etats-Unis (New York). Les prédispositions ethniques : évaluation de trois facteurs favorisant la création d'entreprise. Le rôle des opportunités structurelles dans le développement des entreprises ethniques : appropriation d'un quartier par une minorité ethnique, composition ethnique de la clientèle. L'avenir de la petite entreprise ethnique : causes et conséquences de la croissance des affaires, ethnicité, compétitivité, promotion sociale.
Les spécificités d'une gestion sectorielle de l'emploi : le bâtiment-travaux publics, dont le mode d'accumulation est fondé sur une utilisation massive de la force de travail étrangère. Caractéristiques de la crise économique dans le bâtiment. Typologie des ripostes à la situation de crise : réorganisation de la production avec de nouveaux modes d'utilisation de la main-d'oeuvre et stratégies particulières de trois entreprises de construction. Nouvelles formes de gestion, mobilisation, usage de la force de travail en général et place des immigrés dans la restructuration en cours : travail intérimaire, faux salariés et faux artisans, travail noir, sous-traitance entraînant précarisation et segmentation au sein de la population étrangère.
La relation entre les problèmes de l'immigration et ceux du fonctionnement de la société française : une réflexion sur la crise prenant en compte les enjeux, à la fois économiques et sociaux, des migrations. La crise économique, un révélateur : la légitimité de la fonction sociale de l'immigré remise en cause par la perte de l'emploi. Les limites des actions d'alphabétisation, de formation professionnelle, de reconversion et la politique étatique actuelle du retour. Les transformations structurelles et nouvelles réalités sociales de l'immigration. La politique migratoire en temps de crise : maîtrise des flux et reproduction de la main-d'oeuvre étrangère. Nouvelle donné et dynamique de l'immigration : mouvements sociaux, intégration et égalité des droits comme enjeux de lutte en France.
La situation professionnelle des enfants (15-25 ans) de travailleurs immigrés, Turcs essentiellement, en Allemagne RF. et la reproduction sociale d'une classe minoritaire. Les tendances du marché du travail et la jeunesse européenne entre 1960-1985 : points communs entre jeunes étrangers et jeunes nationaux, évolution de la durée de scolarisation et de la présence sur le marché du travail. La démographie d'après-guerre et le besoin de main-d'oeuvre étrangère en Allemagne. Statut professionnel de la seconde génération : les transformations et l'équilibre du marché du travail allemand, la nouvelle distribution des étrangers dans les secteurs d'activité entre 1974-1982, le chômage.
Analyse du phénomène de fléxibilité et fléxibilisation de la force de travail et de quelques aspects du rapport salarial. Le passage du fordisme au post-fordisme : la fléxibilisation du travail et de la main-d'oeuvre qu'il implique. Définition des notions de fléxibilité et fléxibilisation : caractéristiques tendancielles et générales de ce mode de régulation sociale. Etude de ces mécanismes dans la main-d'oeuvre étrangère en Belgique : catégorie socio-professionnelle qu'elle occupe, modification de la répartition de l'emploi due à la restructuration économique entre 1970-1981, l'évaluation de sa fléxibilité.
Place et fonction de la main-d'oeuvre immigrée dans la phase descendante du capitalisme et dans la crise économique, 1973-1987. L'accentuation de la stratification du marché du travail dans un contexte de mutations économiques, facteur explicatif de la précarisation et de la flexibilité de l'emploi. La place des travailleurs immigrés, réserve spécifique que la crise condamne à l'insécurité de l'emploi (l'interprétation de GAMBIER (D.) et VERNIERES (M.), celle de MICHON (F.) et KAYSER (B.)). La double fonction de réserve de cette force de travail : fonction d'adaptation et d'ajustement. La rotation de main-d'oeuvre externe, source de flexibilité extensive, la rotation interne, source de flexibilité intensive.
L'industrie textile et la production vestimentaire en France (Paris) : analyse de l'adéquation entre les exigences de ce secteur et les caractéristiques des immigrés. Les aspects essentiels du secteur de l'habillement : le besoin de flexibilité résolu par le recours à la sous-traitance et aux très petites entreprises. L'insertion des immigrés dans le système de sous-traitance en tant qu'ouvriers, ou petits entrepreneurs ou les deux à la fois. L'attrait de ce secteur : la possibilité de promotion sociale dans le patronat pour les hommes, les femmes restant des travailleuses à domicile. Etude comparative avec la confection en Allemagne RD. (Berlin) : le monopole des Juifs jusqu'en 1961.
Les réactions de l'Etat face à l'immigration en France, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas entre 1945-1987 : stratégies de recherche. Examen des trois principaux types d'études comparatives européennes consacrées au rôle de l'Etat. Concept pour une nouvelle analyse de la corrélation existant entre le développement du capitalisme et la formation des Etats-Nations et celle des classes sociales. La problématique de l'économie politique de l'émigration. Les contradictions comme révélateurs et la signification du racisme, comme idéologie de l'exclusion.
La place particulière qu'occupent les ouvrières immigrées au Canada (Québec, Montréal) dans la structure du marché du travail. Analyse des résultats d'une recherche menée de 1981-1986 sur quatre groupes de femmes : Grecques, Portugaises, Colombiennes, Haïtiennes. Considérations générales sur les immigrés du Québec : effectifs, pays d'origine, taux d'activité et de chômage, etc... Conditions de travail et trajectoire professionnelle des ouvrières occupant des secteurs d'activité et emplois où se concentre la main-d'oeuvre immigrée : analyse des statistiques et données socio-démographiques, approche qualitative basée sur l'enquête par entretiens : discontinuité dans l'emploi, degré d'allophonie, prolétarisation, discrimination, etc...
Réflexion sur la pérennité d'un modèle français et sur l'enjeu des débats autour du présent et de l'avenir de la présence étrangère en France. Formalisation de quatre modèles. 1) La migration tournante des années 1960-1970 avec la représentation de la place des immigrés qu'elle a générée. 2) L'assimilation : une tradition française et le corollaire d'une migration de peuplement. 3) Les minorités ethniques : articulation avec l'assimilation et avenir dans la crise économique. 4) L'apartheid : la segmentation du marché du travail à partir de l'ethnicisation. Le thème du maintien de l'identité culturelle et de ses effets pervers.
Réflexion sur l'application, qui a cours depuis 1975, de la théorie du marché du travail dual à l'immigration. Rappel des données propres aux changements de l'employabilité et de la mobilité professionnelle des étrangers prenant compte du passage d'une économie de croissance à une économie de crise. Première phase, 1960-1973 : le modèle de la migration alternante. Deuxième phase, 1974-1987 : renversement des tendances du marché du travail, transformations des fonctions et statut de la main-d'oeuvre étrangère. Les trois formes de dualisme (de l'offre, de la demande, de la crise) caractérisant le changement de position des étrangers dans un système économique où la flexibilité a remplacé la mobilité.