Aujourd'hui, le corps semble le lieu le plus adéquat pour marquer la singularité de l'individu et la signaler socialement. Le nom, autant que le visage, cristallise du sens et pose le sujet comme acteur dans les rapports sociaux. Par conséquent, la négation de l'homme peut passer par celle de son visage et de son nom. Le racisme pourrait se définir succintement par la négation et l'imposition d'une catégorie disqualifiante qui définit le sujet par défaut, indiquant a priori la conduite à tenir à son égard ("le juif", "l'Arabe").
De tous temps, les conflits ont marqué les relations entre générations. Si une partie de la jeunesse, celle que l'on stigmatise volontiers au regard d'un territoire, la banlieue, exprime une forme de révolte, la « haine » et ses multiples formes deviennent une manière d'exister, voire de résister. Les discours sur « les émeutes urbaines », la stigmatisation simpliste des « sauvageons » ou la montée des « incivilités » ne rendent pas compte d'un mal vivre des jeunes soumis au chômage, à l'exclusion. La « haine » est-elle alors une réplique à cette violence sociale et symbolique ? Analyser les significations de cette « haine », et situer au-delà les possibilités de contact, d'accueil ou d'accompagnement, permet de fonder des interventions qui s'appuient aussi, dans un objectif notamment de prévention, sur la tenacité et l'inventivité présentes.
L'auteur dresse ici une anthropologie du silence. Il montre que les usages sociaux et culturels accordent à la parole et au silence une alternance qui varie d'un lieu à un autre. Certaines sociétés peuvent paraître ainsi très silencieuses par rapport à d'autres. Ces régimes différents de paroles engendrent parfois des malentendus culturels. Il analyse les différentes significations du silence dans la vie sociale, notamment le mutisme électif des enfants de migrants. Il montre que le silence est vécu comme propice ou angoissant, selon les circonstances et les individus. Il interroge les liens noués entre le silence et la mort. Un long chapitre aborde le statut et la signification du silence dans les religions. Le silence, très rarement analysé sous cet angle d'approche, y est décrit comme un révélateur des relations interculturelles.
L'alternance entre silence et parole dans une conversation renvoie à une codification culturelle. Les systèmes de culture différents accordent plus ou moins de place au silence et à la parole. Selon l'auteur, nos sociétés seraient caractérisées par le fait que la parole est impérative alors que d'autres sociétés sont plus enclines à privilégier le silence.
Selon l'auteur, le racisme procède d'un imaginaire du corps. Il impose une vision de l'Autre dont le corps est plus ou moins quelque chose, mais toujours imparfait, manquant d'une pleine humanité. Dans cet article, l'auteur du thème de la "laideur" présumée de l'Autre.
Cet ouvrage montre comment, dans des sociétés très différentes les unes des autres, le corps se parle, se met en scène, énonce la souffrance, que ce soit en France, en Corée, au Brésil, au Mexique, en Roumanie, en Mongolie ou ailleurs. Corps relié au monde des sociétés traditionnelles ou fragmenté des sociétés moderne, dire le corps est une manière de dire le bonheur ou la difficulté à vivre, la peine à rencontrer les autres, à assumer la maladie ou l'épreuve.
Le migrant qui franchit le seuil de l'hôpital se voit dépouillé de ces valeurs propres, de son rapport intime à soi, et de ses manières traditionnelles d'être avec les autres. Mis à nu, en position horizontale, privé de toute autonomie, il est contraint à un compromis avec son sentiment d'identité. Indifférent aux références sociales, culturelles, religieuses ou personnelles des patients, l'hôpital tend à uniformiser. Le rapport à la différence est la question clé de l'hôpital. Dans ce lieu, une vision purement mécanique du corps s'impose, occultant la dimension anthropologique de la relation à l'Autre.
Série d'articles sur l'altérité. Analyses de la haine raciale, et du racisme d'un point de vue historique et anthropologique. Notamment l'image du Noir pendant la Seconde Guerre mondiale, l'étranger dans la Rome antique, l'image Occidentale des Philippins depuis le début du 20ème siècle, le recensement des immigrés à Cleveland dans l'Ohio entre 1870 et 1930, et la russophilie française à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle.
L'Autre, quand il est l'objet de la haine ou du mépris, est toujours d'une incontestable laideur. Son visage est animalisée, il a une «sale» gueule, un faciès, etc., on le prive de la dignité du visage.
On constate qu'il y a une sur-représentation des enfants de migrants à l'hôpital. La durée d'hospitalisation de ces enfants est également plus longue que celle des autochtones alors que les causes d'hospitalisation restent les mêmes. On ne peut donc parler de pathologies particulières aux enfants de migrants. Ce sont des raisons essentiellement d'ordre sociologique, qui conduisent le médecin traitant à orienter ces enfants vers les structures hospitalières. Le problème de communication ne se révèle pas chez les enfants mais plutôt chez les parents. La barrière culturelle et linguistique étant plus importante chez ces derniers.
Une infirmière exerçant à l'hôpital explique son expérience quotidienne des difficultés liées aux différences culturelles : la langue n'est pas seule à brouiller l'échange d'informations entre la famille de l'enfant hospitalisé et les soignants; toute traduction s'impose comme une médiation qui, si elle peut être objective ne sera jamais neutre. Enfin, la culture technique de notre système de soins comme la culture administrative de notre société toute entière constituent des obstacles qu'on ne saurait sous-estimer.
L'hôpital est devenu aujourd'hui un lieu privilégié de rencontres entre acteurs d'horizons sociaux et culturels différents. En lui se rencontrent toutes les singularités sociales, culturelles ou religieuses qui fondent l'actuelle complexité des sociétés occidentales. Sur la base de l'exposé d'un cas clinique, les auteurs mettent en lumière les difficultés qui peuvent naître de ces rencontres interculturelles.